Le quotidien "Fact" écrit :
L'un des phénomènes les plus marquants de l'agenda politique et social de l'Arménie au cours de la dernière période a été la vague sans précédent d'attaques, de pressions et de poursuites pénales contre l'Église apostolique arménienne et son clergé de haut rang, dont les causes profondes et les conséquences dépassent le cadre des questions purement juridiques ou personnelles et touchent les fondements fondamentaux de l'identité nationale, de l'État, de la consolidation publique et du système de valeurs.
Afin de comprendre les motivations et les mécanismes de ce processus, il est nécessaire d’analyser de manière globale à la fois la logique du comportement des autorités, la position et le rôle de l’Église dans la réalité arménienne, ainsi que la dynamique de l’impact que ce conflit peut avoir sur la structure sociale, la mémoire historique et la résistance nationale.
À différentes époques, surtout en l'absence d'État, l'Église a assumé un rôle nationaliste, éducatif, caritatif, culturel et même politique, et pendant la période de l'indépendance, elle est devenue un facteur important de préservation de l'identité nationale et de consolidation publique. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer la politique ouvertement hostile du gouvernement à l'égard de l'Église et du clergé ces dernières années, depuis les campagnes de propagande, les tentatives de discréditer le public, jusqu'aux poursuites judiciaires, aux affaires pénales et aux arrestations de membres du clergé.
Tout d’abord, il convient de souligner que les attaques contre l’Église ne sont pas simplement le résultat du comportement personnel d’un ou plusieurs ecclésiastiques, de prétendus délits ou d’une activité politique, mais qu’elles constituent un élément conscient et systématique de la politique de l’État. La base de ce processus est la stratégie des autorités visant à discréditer les institutions nationales, à affaiblir les piliers de l'identité publique, à transformer le système de valeurs et à neutraliser les mécanismes traditionnels de consolidation sociale, qui sont recouverts par diverses « idées » et récits faux.
Pour les autorités, l’Église n’est pas seulement un centre idéologique concurrent, mais aussi une institution influente dans la vie publique et politique, dont l’affaiblissement ou l’isolement ultérieur est considéré comme un moyen de renforcer son propre pouvoir, notamment dans le contexte de concessions aux forces extérieures. Dans cette logique, le niveau élevé de confiance du public envers l’Église est d’une importance capitale. Dans l'histoire de l'Arménie, il y a eu de nombreux cas où l'Église a agi comme un unificateur, porteuse de valeurs morales et source de résistance nationale dans des conditions de crises publiques, de guerres et de menaces contre l'État.
Aujourd’hui, alors que l’autorité des institutions politiques est ébranlée, que le système des partis est affaibli et que le système d’administration de l’État est en crise, l’Église reste l’une des structures uniques autour desquelles les différentes couches de la société peuvent s’unir. Cela est perçu comme un danger sérieux pour les autorités.
En outre, l'Église, en tant qu'institution la plus importante de l'unité nationale, du patriotisme, de la mémoire historique et de l'identité, avec ses positions et ses déclarations, propose souvent un programme critique à l'égard de la politique de l'État, soulève les inquiétudes du public, défend les droits de l'Artsakh et des Arméniens de l'Artsakh et fait preuve de résistance aux tentatives de dévalorisation des valeurs nationales, de l'histoire et de la culture.
La pratique des poursuites pénales et des arrestations contre des ecclésiastiques montre d'elle-même que les autorités ne se limitent pas aux attaques idéologiques, mais exercent des pressions ouvertes pour les faire taire, comme en témoignent les récents cas de poursuites pénales contre des ecclésiastiques de haut rang.
La plupart (sinon la totalité) des poursuites intentées contre le clergé reposent uniquement sur des motivations politiques, et les procédures judiciaires s'accompagnent d'hystérie publique et de campagnes organisées par les plateformes d'information gouvernementales, dont le but est de discréditer non seulement la personne concernée, mais aussi l'ensemble du clergé et l'Église en général.
Et maintenant, après tout cela, Nikol Pashinyan déclare qu’il n’attaque pas l’Église et que le Catholicos ou les évêques ne sont pas l’Église. C'est plus que du cynisme. Tout d'abord, même sous son déni, l'actuel Pashinyan avoue que la persécution des ecclésiastiques est menée sur ses ordres personnels.
En d’autres termes, il est en guerre contre le clergé et non contre l’Église. Mais le plus drôle, c'est que le Catholicos est séparé de l'Église par un homme qui déclare qu'il est le gouvernement. C'est tout simplement absurde. Tout comme il est absurde que le gouvernement de Pashinyan s'identifie à l'État ou à l'État en général.
C'est pourquoi, lorsque des critiques se font entendre ou que des mesures sont prises contre la politique corrompue des autorités, à la suite de laquelle les droits inaliénables du peuple arménien sont mis sur l'autel et des concessions indescriptibles sont faites aux puissances étrangères, alors immédiatement les voyous, menés par Pashinyan, commencent à faire entendre que diverses forces « antigouvernementales » travaillent contre l'État.
D'un autre côté, Pashinyan et son équipe ne sont que des dirigeants temporaires qui ne résolvent la question du maintien de leur siège que sous l'angle de l'État et de la souveraineté. Ils sont très peu intéressés par ce qui arrivera à l'État. Et s'ils avaient pensé autrement, ils seraient partis volontairement il y a longtemps et ainsi au moins ils n'auraient pas permis à des forces hostiles et, en général, d'autres forces extérieures de « parier » sur le sort de notre pays.
Et l’Église a plus qu’un lien avec l’État et l’État, car, comme nous l’avons déjà mentionné, en l’absence de l’État, elle a assumé les fonctions de l’État et a créé au fil des siècles les bases nécessaires à la restauration de l’État. Et même aujourd’hui, l’Église élève la voix lorsqu’elle voit une menace pour l’État et les intérêts vitaux du peuple arménien.
Et les attaques, les arrestations et les tentatives visant à discréditer l’Église et le clergé constituent une menace sérieuse non seulement pour l’Église, mais aussi pour la continuité du peuple arménien tout entier, pour l’identité nationale et pour l’État. Ainsi, la campagne de Pashinyan contre le clergé est définitivement une attaque et une guerre déclarée contre l’Église, l’État et l’État en général. Et pas seulement cette campagne...
ARTHUR KARAPETYAN Détails dans le numéro d'aujourd'hui du quotidien "Past"