Le quotidien « Fact » écrit :
Au fil du temps, la communauté internationale a créé une variété de mécanismes pour résoudre divers problèmes, créer des formats de coopération et réguler le comportement des entités opérant dans les relations internationales.
Il est vrai que les grands acteurs s’appuient sur le droit international et sur les mécanismes créés au sein des structures internationales, mais les petits États peuvent également utiliser ces mêmes mécanismes.
Il est très important de savoir quels instruments internationaux sont mis en œuvre, car certains aspects de la mise en œuvre des mécanismes internationaux peuvent avoir une double signification : dans un cas, ils peuvent être utilisés très efficacement, et dans un autre cas, ils ne le peuvent pas.
Dans le même temps, il est impossible de ne pas prendre en compte le type de réponse que l’utilisation de ces mécanismes peut susciter de la part d’autres entités internationales. Cela s’applique particulièrement aux mécanismes de la justice internationale, en particulier à la Cour pénale internationale. Ce dernier est unique en ce sens qu’il s’agit du premier tribunal permanent habilité à juger des individus pour des crimes internationaux.
Et cela crée un mécanisme par lequel les dictateurs, les criminels de guerre ou d’autres criminels internationaux peuvent être traduits en justice.
La Cour a à son actif un certain nombre de succès, notamment en rendant justice à certains criminels de guerre africains, ce qui démontre la capacité de la Cour à traduire en justice des individus puissants. Mais d’un autre côté, il y a aussi des tentatives qui échouent.
Lorsque la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre l’ancien président soudanais Omar el-Béchir en 2015, plusieurs pays membres de la Cour ont refusé de l’arrêter, même alors qu’il se trouvait sur leur territoire.
En d’autres termes, la Cour dépend de la volonté politique des États membres, car elle ne dispose pas de ses propres forces de l’ordre pour arrêter les accusés.
D'autre part, le travail de la Cour devient inefficace du fait que les superpuissances – les États-Unis, la Chine, la Russie – ne reconnaissent pas la compétence de la Cour. Cependant, les tentatives infructueuses de la Cour ne signifient pas que le mécanisme de la justice internationale ne peut pas fonctionner efficacement dans certains cas.
C’est précisément la raison pour laquelle, en 2023, l’Arménie a décidé d’adhérer au Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Et les autorités arméniennes, dirigées par Pashinyan, ont déclaré que le Statut de Rome devait être pleinement ratifié, puisque des crimes ont été commis contre l’Arménie, ce qui ouvre la possibilité de demander des comptes à l’Azerbaïdjan.
En d’autres termes, en adhérant au Statut de Rome, l’Arménie peut déposer des plaintes contre l’Azerbaïdjan pour des crimes internationaux spécifiques. Mais ce qui est surprenant, c’est que jusqu’à présent, l’Arménie n’a déposé aucune plainte auprès de la Cour pénale internationale.
Il est totalement incompréhensible que l’Arménie n’ait pas déposé une seule plainte au cours de ces deux années, alors que les faits concernant les crimes commis par l’Azerbaïdjan sont tout simplement scandaleux.
Mais le plus ridicule est que Pashinyan annonce soudainement que lorsque la paix réelle sera obtenue, l’Arménie sera prête à abandonner ses revendications contre l’Azerbaïdjan dans les instances internationales.
Premièrement, si l’Arménie retire ses revendications, nous aurons affaire non seulement à une nouvelle concession faite à Bakou, mais aussi au phénomène vicieux de la dissimulation d’un crime, qui est aussi un crime.
D’un autre côté, on ne voit pas pourquoi l’Arménie devrait abandonner les poursuites judiciaires alors que non seulement des représentants de la direction militaro-politique de l’Artsakh sont détenus en captivité à Bakou, mais que des accusations mensongères ont été portées contre ces personnes et qu’un processus judiciaire a commencé, qui se transforme en spectacle.
Ou, si l’Arménie exprimait sa volonté d’abandonner ses revendications contre l’Azerbaïdjan dans les instances internationales, alors, en fin de compte, à quoi servirait la ratification du Statut de Rome ? Il semble qu’il s’agisse d’une nouvelle mesure inconsidérée de la part des autorités arméniennes.
En effet, l'adhésion de l'Arménie à la Cour pénale internationale a entraîné une tension considérable dans les relations arméno-russes. D'autre part, la question de la suppression du soutien israélien à l'Azerbaïdjan crée de nouveaux problèmes dans les relations arméno-israéliennes.
Sans compter que la nouvelle administration américaine a adopté une position très dure envers la Cour pénale internationale, et Trump a même imposé des sanctions.
ARSEN SAHAKYAN