Le quotidien "Fact" écrit :
Lors de la session du 9 janvier, le gouvernement arménien a approuvé le projet de loi sur le lancement du processus d'adhésion de l'Arménie à l'UE.
Cela a donné lieu à des discussions assez intenses et on s'attendait également à des réactions sévères de la part de la Russie.
Mais tout d'abord, notons que dans le cadre du démarrage de ce processus, les autorités de la RA mettent surtout l'accent sur la question de la libéralisation des visas, qui, pour être honnête, « sent » très mauvais la « poire » pré-électorale.
Bien sûr, la libéralisation des visas sera positive pour les citoyens de la République d'Arménie en termes de voyages vers l'Europe et de tourisme, mais, outre le fait que c'est une question de nombreuses années et que cela "dépend" de l'air, est-ce actuellement la problème le plus important ?
Après tout, notre pays est confronté à des problèmes économiques, politiques étrangers et de sécurité bien plus graves. L'UE est-elle prête à résoudre ces problèmes afin que l'Arménie fasse partie de la structure ? Commençons par le volet économique ? Les indicateurs de l'année dernière montrent que le chiffre d'affaires du commerce avec les pays de l'UE présente une tendance à la baisse.
Comment imaginer une transition vers l’appartenance à une structure avec laquelle il n’y a pas d’évolution des relations économiques ?
Tout d’abord, l’UE a mis en place des réglementations et des normes qui rendent difficile l’exportation de produits arméniens vers le marché européen ou, si l’exportation est réalisée, en raison des exigences fixées, les produits arméniens deviennent non compétitifs.
En outre, l'UE promet constamment d'investir dans un certain nombre de secteurs et d'infrastructures de l'économie arménienne afin de réduire la dépendance économique à l'égard de la Russie, mais elle ne donne qu'un soutien de quelques millions de dollars, qui ne peuvent pas jouer un rôle économique significatif.
D’un autre côté, à cause de tout cela, nos liens économiques avec la Russie, ou plutôt notre dépendance économique, non seulement ne s’affaiblissent pas, mais se renforcent également. Et ce n’est pas un hasard si l’année dernière l’Arménie figurait parmi les dix plus grands partenaires commerciaux de la Russie.
De plus, il est clair que l’Arménie en profite grandement. C'est principalement grâce à la circulation commerciale avec la Russie et aux flux de capitaux en provenance de ce pays qu'au cours des dernières années, l'Arménie a réussi à enregistrer une forte croissance économique et à donner un certain dynamisme à notre économie.
Si nous acceptons sous condition que nous n'ayons pas de tels taux de commerce, quelles mesures l'UE devrait-elle prendre pour assurer le progrès économique de l'Arménie ? Il n’y a même pas eu de tentatives de telles démarches, mais les conditions des relations économiques sont devenues plus compliquées.
Pashinyan a déclaré un jour que l'Arménie était prête à se rapprocher de l'UE autant que l'UE l'était. Mais les réalités pratiques montrent que l’UE n’est en aucun cas prête, et les responsables européens se contentent de faire des déclarations formelles, rien d’autre.
Nous avons signé un accord de partenariat global et élargi avec l’UE en 2017. Et même toutes les opportunités qu’elle offre n’ont pas été exploitées, encore moins pour pouvoir gérer le processus d’adhésion à l’UE.
Nous ne savons toujours pas combien de temps dureront les négociations, si des progrès seront réalisés ou non, et on peut se demander si nous pourrons en retirer des avantages. Dans le même temps, lorsque les autorités de la RA entament le processus de défiguration de l'UE, ne comprennent-elles pas que cela est tout simplement incompatible avec les mécanismes de l'UEE ?
La situation serait différente si les mécanismes de l'UEE étaient combinés directement dans le cadre de la coopération avec l'UE, auquel cas l'Arménie pourrait devenir un lien entre deux marchés d'intégration importants, l'UE et l'UEE.
Mais il est clair que quitter l’EAEU est aujourd’hui totalement irréaliste. Il en va tout autrement du fait que certaines forces pro-occidentales tentent d’obtenir le soutien de l’Europe, même si cela peut être temporaire.
D’un autre côté, le début du processus d’adhésion à l’UE pourrait entraîner de nouveaux risques géopolitiques et sécuritaires.
Nous avons vu que la Géorgie aspirait à l'adhésion à l'UE depuis des années, mais à Tbilissi, elle a décidé de reporter les négociations d'adhésion à 2028. Et l'Arménie, qui est liée à la Russie par ses composantes de sécurité et son cordon ombilical économique, peut subir d'énormes pertes, apparaissant dans le au centre de la compétition géopolitique.
À ce sujet, des avertissements sont lancés sur différents canaux à Moscou. Même si nous sommes insatisfaits du rôle de la Russie et de l’OTSC, nous devons comprendre que l’UE est tout simplement incapable de nous fournir des garanties de sécurité.
L’Europe n’a même pas créé de garanties de sécurité pour elle-même, encore moins pour nous. Bien entendu, les autorités peuvent tenter de présenter des arguments selon lesquels les observateurs européens assureront la stabilité à la frontière.
Mais tenons compte du fait que non seulement ils ne disposent pas d’armes, mais qu’ils sont également incapables d’empêcher les tensions frontalières. L'Azerbaïdjan a montré à plusieurs reprises par ses actions qu'il n'est pas limité par les circonstances des observateurs européens.
Et Aliyev a récemment laissé entendre que si nécessaire, ils tireraient également sur les observateurs européens. D’un autre côté, la même Europe contribue à l’agression de l’Azerbaïdjan, car les pays européens continuent d’acheter de grandes quantités de pétrole et de gaz à l’Azerbaïdjan et de fournir d’importants flux financiers dont Bakou peut s’armer et devenir plus agressif.
Par conséquent, les Européens devraient être obligés de prendre d’abord des mesures pour apporter un réel soutien à l’Arménie, et ensuite seulement d’essayer de se diriger vers l’UE.
ARTHUR KARAPÉTIEN