La Cour européenne des droits de l'homme a publié le verdict dans l'affaire "Antonyan c. RA". Le tribunal a constaté que l'Arménie avait violé le droit à un procès équitable de l'ancien juge de la chambre civile de la Cour de cassation, Suren Antonyan.
Il convient de noter que l’affaire Suren Antonyan c. Arménie concernait cette dernière en 2023. à la révocation du juge par le Conseil judiciaire suprême en janvier. En 2009, il a été nommé juge à la chambre civile et administrative de la Cour de cassation pour un mandat allant jusqu'à l'âge de 65 ans.
Le tribunal a souligné que le CS avait toute autorité pour trancher la question de la responsabilité disciplinaire de M. Antonyan et que la procédure s'était déroulée conformément à la loi. "Les décisions, qui devaient être motivées, étaient définitives et contraignantes."
"En ce qui concerne la question de savoir s'il s'agissait d'un "tribunal indépendant", la Cour a convenu avec M. Antonyan que donner à tous les candidats possibles la possibilité de postuler au poste de membre non judiciaire du CS faciliterait et augmenterait la transparence du processus de nomination. Toutefois, la Cour a estimé que le mode de nomination des membres non judiciaires ne pouvait être considéré comme mettant en danger l'indépendance du CS. En particulier, les arrangements institutionnels et opérationnels existants prévoyaient des garanties contre toute influence indue du pouvoir législatif, et le processus était à la fois équitable et transparent. Même s'il serait souhaitable de rester à l'écart de la politique pendant une période raisonnable avant la nomination du CS, le fait que les membres non judiciaires occupaient des postes de haut rang dans le pouvoir exécutif immédiatement avant la nomination ne suffisait pas à affirmer que l'indépendance du CS était menacée", a déclaré la Cour EDH dans sa décision.
Concernant la plainte d'Antonyan selon laquelle il avait été privé du droit d'accès au tribunal en raison de l'impossibilité de faire appel, la Cour a noté que le CS a agi en tant que « tribunal » au sens de l'article 6, partie 1, et ses décisions devant les tribunaux ordinaires l'absence d'examen plus approfondi n'était pas un problème. Il n’y a donc eu aucune violation des droits d’Antonyan à cet égard.
"Quant au manque d'impartialité du SC dû à la participation du président KA, de l'avis de la Cour, les relations étroites entre GM et KA pourraient soulever de sérieux doutes sur l'impartialité de KA. Le tribunal a noté que K.A. n'avait pas immédiatement porté à l'attention du Comité central son entreprise et les relations commerciales de son épouse avec G.M. Même en l’absence de tout lien financier direct entre KA et GM, le fait qu’ils étaient amis et que l’épouse de KA et GM partageaient des intérêts commerciaux aurait dû avertir K.A que son impartialité pouvait être remise en question. Compte tenu de ces circonstances, le CS aurait dû examiner sérieusement la requête de M. Antonyan visant à contester le KA", souligne la Cour.
La Cour EDH souligne que le raisonnement de la Cour suprême de justice selon lequel le manque d'impartialité d'un seul membre du pouvoir judiciaire ne pouvait remettre en question l'impartialité de l'ensemble de l'organe judiciaire n'était pas convaincant.
Comme indiqué dans la décision, K.A. était le président du Comité central et le rapporteur dans le cas d'Antonyan, dirigeant les discussions, ce qui était une circonstance supplémentaire incompatible avec une apparence d'impartialité. Il est à noter que la BDC n'a pas été en mesure de dissiper les doutes fondés de M. Antonyan quant à l'impartialité de son président et qu'il n'a pas bénéficié de garanties procédurales suffisantes à cet égard. Il n’était pas nécessaire que le tribunal décide si, comme le prétend Suren Antonyan, K.A. a ordonné aux membres du Comité central de prendre une certaine position dans son cas.
"Le BRC s'est uniquement référé aux affirmations du requérant concernant les liens économiques entre KA et l'épouse de GM, sans donner aucune réponse aux arguments spécifiques du requérant concernant les relations personnelles étroites entre KA et GM concernant les relations et leur possibilité d'influencer la prise de décision de K.A. En outre, dans l'affaire "Antonyan c. RA", K.A. était le président du CS et le rapporteur dans le cas du requérant, qui dirigeait les discussions et en était le principal", indique l'arrêt de la Cour EDH.
En ce qui concerne les dommages matériels, la CEDH a estimé que la meilleure compensation serait de rouvrir la procédure conformément aux exigences de l'article 6, partie 1 de la Convention, si Suren Antonyan en fait la demande.
Il y a donc eu violation de l’article 6, partie 1, de la Convention.
En plus d'enregistrer les violations mentionnées, la CEDH a obligé RA à verser à Suren Antonyan 3 600 euros pour dommages non matériels et 1 420 euros pour frais.