Le quotidien "Fact" écrit :
Au niveau mondial, l'ordre mondial en vigueur depuis plusieurs décennies commence à montrer des fissures, ce qui nous place dans la phase d'un nouvel arrangement des forces. Les changements au niveau international affectent également les processus régionaux. Et ce n'est pas un hasard si les forces régionales couvrant le Caucase du Sud et ses environs ont décidé de former une plate-forme d'interaction afin de régler les problèmes liés à la région et de renforcer les liens économiques. L'activité de la plateforme "3+3", qui comprend les 3 grands poids lourds régionaux - la Russie, l'Iran et la Turquie, et les 3 petits États du Caucase du Sud - l'Arménie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan - sert précisément cet objectif, même si la partie géorgienne continue de boycotter les réunions dans ce format. Bien sûr, il est important que l'Arménie ne soit pas exclue de toute plate-forme de coopération régionale, mais l'objectif du "3+3" mérite une réflexion approfondie. Ankara tente d'utiliser ce format pour devenir le principal arbitre dans le Caucase du Sud, d'autant plus que la dernière réunion de ce format de plateforme a eu lieu à Istanbul. Et cette ligne politique est mise en avant surtout après la deuxième guerre d'Artsakh, lorsque la position de la Turquie dans la région s'est considérablement renforcée. Ce n’est pas un hasard si la Turquie est l’auteur de la création du format mentionné, et Erdogan en a même parlé à plusieurs reprises. Il convient de noter que la Turquie tente depuis des années de s’introduire furtivement dans le Caucase du Sud, mais sans y parvenir. C'est la raison pour laquelle la Turquie critique régulièrement la coprésidence du Groupe de Minsk de l'OSCE, estimant que si la Turquie ne participe pas au règlement du conflit du Karabakh, elle ne pourra pas se justifier. Mais maintenant, la situation est complètement différente et de nouvelles portes s’ouvrent constamment pour la Turquie, et aussi étrange que cela puisse paraître, la partie arménienne y contribue. Les autorités arméniennes prennent des mesures pour impliquer la Turquie comme médiateur principal. C'est Pashinyan qui, par l'intermédiaire de la Géorgie et d'autres partenaires, a demandé une rencontre avec Erdogan afin que ce dernier utilise son influence pour le règlement des relations arméno-turques et arméno-azerbaïdjanaises. Et dans ce contexte, la Turquie présente ses conditions préalables à l'Arménie par l'intermédiaire de l'Azerbaïdjan, affirmant que si les exigences de l'Azerbaïdjan sont satisfaites et que les relations arméno-azerbaïdjanaises sont régulées, alors les relations Arménie-Turquie seront régulées automatiquement. En fait, les autorités de la RA recourent à toutes les mesures pour plaire à la partie turque. Ils mènent une politique de mise de côté du système de valeurs lié à notre histoire et de la question de l’indemnisation du génocide arménien. Ils permettent même à la Turquie d’occuper une position dominante. Le 18 octobre, une réunion séparée entre Ararat Mirzoyan et Jeihun Bayramov a eu lieu dans le cadre de la plateforme de consultation régionale « 3+3 » à Istanbul. Il semble que l’importance de la plate-forme turque ait été soulignée ainsi, même si la réunion s’est déroulée dans un format bilatéral. Ce n'est pas un hasard si, lors de la réunion avec les ministres des Affaires étrangères d'Arménie, de Russie, d'Iran et d'Azerbaïdjan, Erdogan a annoncé qu'Ankara continuerait à soutenir les efforts visant à assurer une paix permanente entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Fondamentalement, dans la mesure où la Turquie joue un rôle de médiateur dans le cadre du règlement des relations arméno-azerbaïdjanaises, il est certain que la partie arménienne n'en profitera pas. Bien au contraire. Mais cela n’intéresse pas les autorités arméniennes actuelles. Une seule chose les intéresse : que faire pour rester plus longtemps au pouvoir ?
ARSEN SAHAKYAN